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lundi 30 janvier 2017

Le ciné-club de Potzina de février: Histoire d'eau



C'est la fin du mois, il est donc temps pour moi de répertorier les articles des participants au ciné-club de Potzina du mois de février pour lequel j'avais choisi le thème "Histoire d'eau". Pour ceux qui ne le connaitraient pas encore, vous trouverez ici plus d'infos sur le ciné-club.

Ce mois-ci, plusieurs bloggueurs ont su répondre à l'appel et nous présenté des films très variés:

- Costumes de  films nous a proposé un immense classique, Titanic

- La chambre Rose et Noire nous a rafraichis la mémoire avec Niagara

- Mémoires de bison nous a proposé de se prendre un coup de chaud près de La Piscine

- J'ai choisi de vous mener en bateau avec Master and Commander

- Emily is away nous a emmenés sur une croisière meurtrière avec Mort sur le Nil

- Enfin, The Movie Freak, à qui je passe le relais pour le mois de mars, nous a fait faire l'école buissonnière près d'un étang avec La Clé des champs.

Je finis avec une petite sélection de film sur le sujet qui me plaisent: Abyss, de Cameron, Pirates, de Polanski, La vie Aquatique, de Wes Anderson, Le secret de Roan Inish, de John Sayles, A la poursuite d'octobre rouge, de John Mc Tiernan, Chantons sous la pluie de Stanley Donen, L'étrange créature du Lac Noir de Jack Arnold, Pluie tiède sous un pont rouge de Shoei Imamura, Naissance des Pieuvres de Céline Sciamma, Le monde de Nemo d'Andrew Stanton, Respiro d'Emmanuel Crialese ou encore la Terre tremble de Visconti

samedi 28 janvier 2017

Le ciné-club de Potzina: Master and Commander: Voyageurs aux longues courses-poursuites




Pour le ciné-club ce mois-ci, c'est moi qui invite! Alors je me suis choisi un thème qui me permettrait de parler d'un film sur lequel j'avais envie d'écrire depuis un bout de temps. Le thème, c'est "Histoire d'eau". Et le film, c'est le beau et trop peu célébré Master and Commander de Peter Weir.

Si vous ne connaissez pas le ciné-club de Potzina, je vous rappelle un peu le principe: à la base créée par la blogueuse Potzina, il a pour but de partager des chroniques ciné sur un thème donné chaque mois, et de découvrir ainsi un max de bons films. Tous les mois, un blogueur ciné participant propose un thème et répertorie tous les articles des bloggueurs participants. Pas de pression, aucune obligation de participer tous les mois, juste une envie de se stimuler les uns les autres. Si vous avez envie de participer, n'hésitez pas à nous retrouver sur notre page facebook, ou à m'envoyer votre article en commentaire de cet article.

Master and commander, c'est donc l'histoire de Jack Aubry (Russel Crowe), Lucky Jack pour les marins qui voient en lui le petit protégé de la déesse Fortuna. Il est capitaine de His Majesty's Ship Surprise, une sublime frégate, qu'il sait diriger comme personne. Comme un James Bond qui aurait troqué son Walther PP pour un canon et son martini pour une flasque de rhum, la couronne britannique lui a confié une mission: capturer ou détruire l'Acheron, un vaisseau corsaire français qui pille les Anglais pour le compte de Napoléon. Nous allons suivre sa traque au plus près de son équipage. Parmi celui-ci, un jeune mousse blessé, un vieux mystique, un "job" qui porte la guigne, de jeunes hommes en colère, et un médecin darwiniste, conseiller et ami de Jack Aubry.

Pourquoi faut-il voir ce film? Parce que mesdames et messieurs, ce n'est pas un, ce n'est pas deux, mais bien 3 films en un que je vous propose avec ce magnifique objet de 138 minutes de pur plaisir cinématographique!

1. Un film d'aventure passionnant
Oui, même un grand film d'aventure. Et des grands films du genre sur la mer, on en voit plus tant que ça.
Mais là, y'a tous les éléments dont on a besoin.


D'abord parce que bon sang, ça dépayse. Je sais pas vous, mais moi, des beaux bateaux, des beaux matelots, des beaux pano(ramiques), et je me sens tout de suite grisée. Le souffle épique de Master and commander est ultra contaminant. A la sortie du film, j'ai dû me refréner sévère pour ne pas foncer dans une agence de voyage et craquer mon compte en banque pour une croisière sans retour, ne pas donner hurler des commandements dans le tram, ne pas catapulter des boulettes de papier au bureau en beuglant "target locked/ armed/ fire!"
C'est le film que j'aurais aimé découvrir à 8 ans, celui que mes parents aurait alors maudit, parce que je l'aurais vu un nombre incalculable de fois, que j'aurais demandé un costume, que j'aurais adopté le catogan, et que nos vacances à la mer auraient été épuisantes.


Ça dure assez longtemps, mais on ne voit pas le temps passer. Tout y passe. Pour les amateurs, y'a un peu de catastrophe avec une scène de tempête ébouriffante, un peu de fantastique avec les histoires d'équipage maudit, de l'exploration aux Galapagos, des chansons de marin, de la chirurgie pas appétissante, et un héros qui lâche rien. En plus, c'est formidablement mis en scène par Peter Weir, un bien étrange réalisateur qui s'est attaqué à tous les styles et qui signe là son meilleur film depuis Picnic à Hanging Rock.

2. Un film d'action qui envoie du mat
Autant vous le dire tout de go: au niveau action, Master and commander, ça poutre sévère


D'abord, il y a la meilleure scène de bataille navale que j'ai jamais vue au cinéma. Et pour moi, au niveau "je saute sur mon siège d'excitation et j'ai la bouche grande ouverte et les yeux qui brillent", la bataille navale ça vient juste après une belle bagarre dans un Wu Xia Pian (et si tu me lis un peu, tu connais ma passion pour les coups de tatane au ralenti). En plus, il n'y a pas une, mais 2 scènes de batailles navales (perso, je préfère la deuxième, mais la première vaut aussi son pesant de rhum arrangé). Ces scènes sont parfaitement scénarisées, chorégraphiées, montées et valent à elles seules la vision de ce film.

Master and commander, c'est aussi l'histoire d'une course-poursuite en bateau. Elle a beau être plus lente qu'en bagnole, elle n'en est pas moins spectaculaire. Le véritable duel entre les deux capitaines du Surprise et de l'Acheron, est d'un suspens haletant. Comment retrouver la trace d'un bateau qui a pris le large et plusieurs jours d'avance? Comment l'aborder stratégiquement? Et surtout, comment obtenir la victoire quand on a face à soi un rival aussi retors que soi-même? C'est un vrai plaisir de voir ces deux maîtres jouer au jeu du chat et de la souris, endossant chacun leur tour le rôle du félin ou du rongeur.

3. Un beau roman d'amitié
"Pas une histoire d'amour-vacances... qui finit dans l'eauuuuuuu"
Ben ouais, j'ai beau être une fille, je suis toujours émue par les bromance et là, je dois dire que c'est une des plus belles que j'ai vue.
Parce qu'en dehors d'être un film foutrement enthousiasmant, Peter Weir se paye le luxe de jouer la carte de l'émotion en suivant une aventure humaine, celle d'un équipage qui doit vivre et travailler ensemble, malgré les avaries, malgré les injustices hiérarchiques, malgré la perte de confiance.


Et dans cet équipage, on se focalise particulièrement sur la relation entre Jack Aubrey, le capitaine et Stephen Maturin, le médecin. C'est une relation basée sur la confiance malgré les divergences d'idées, la reconnaissance mutuelle de deux esprits brillants et l'amour de la musique. Stephen est le grade-fou de Jack lorsque son obsession pour la chasse à l'Acheron menace la sécurité de l'équipage et Aubrey ramène souvent Jack à l'autorité qui pourrait également mettre tout le monde en danger si elle était remise en question. Chacun devient la voix de la raison de l'autre, l'un celle de la raison humaniste, l'autre celle de la raison pragmatique.
Il y aussi de beaux moment de courage, de dignité, de partage et d'héroïsme qui rendent ce film particulièrement attachant. Parce que bon sang, un vrai grand film d'aventure sans bons sentiments (et je n'utilise pas du tout ce terme de manière péjorative, bien au contraire), c'est comme une très belle coque sans voile, ça t'emporte pas.

lundi 16 janvier 2017

Love and friendship: caustique Austen



Grâce au site Cinétrafic, j'ai découvert en DVD le film Love and Friendship de Whit Stilmann, une adaptation du roman inachevé de Jane Austen, Lady Susan. Ayant lu et beaucoup aimé le livre, je me faisais une joie de voir ce film, et j'en ai été plutôt récompensée.

J'aime beaucoup Jane Austen, vraiment beaucoup. Dans l'imaginaire collectif, c'est surtout une romantique dans les 2 sens du terme, le sens littéraire et le sens "fleur bleue". Mais ce qu'on oublie très souvent chez Austen, et ce qui me la rend éminemment sympathique, ce qui fait que je prend autant de plaisir à lire ses romans, c'est que Jane Austen est une femme très très marrante. Pour moi, la qualité première de Jane Austen, c'est son humour. Et attention, pas un humour gentil à la chick lit genre "oulala, j'ai oublié de m'épiler pour mon premier rencard". Non, Jane Austen a un humour acerbe directement lié à son regard sur la société victorienne dans laquelle elle vit, un humour dévastateur qui dénonce nos travers, un humour pince-sans-rire (ou tongue-in-cheek outre-manche) qui a autant de classe que de force de frappe. Jane Austen, c'est les yeux de Molière et la bouche d'Oscar Wilde. Jane Austen, c'est une littérature qui cache sous ses falbalas des dagues bien affutées et qui se moque autant d'elle-même que des autres. Jane Austen, c'est tout ce que vous avez toujours voulu que l'humour anglais soit.



J'aime généralement bien les adaptations des romans de Jane Austen que j'ai pu voir (Raison et Sentiment, ou Orgueil et préjugés). Mais je restais toujours un peu sur ma faim, ne retrouvant pas dans ces beaux films la verve cinglante dont savait se parer l'auteur, ni son regard désopilant sur les bonnes mœurs de son époque. J'attendais toujours un peu plus de mordant. Whit Stilmann a heureusement exaucé mes vœux en s'attaquant à une des œuvres les moins connues de  l'auteur, Lady Susan, une œuvre épistolaire de jeunesse qui n'avait été publiée qu'assez tardivement. On pouvait le trouver chez Folio à 2 € il y a quelque temps, je ne sais pas s'il est toujours disponible.



Love and Friendship est donc l'histoire de Lady Susan Vernon (Kate Beckinsale), une veuve particulièrement joyeuse qui a bien mauvaise presse: certains la dise formidablement séductrice et perfide. Mais il faut la comprendre: la vie est très dure pour une aristocrate désargentée de la fin du XVIIIème siècle. Elle est obligée de vivre avec sa fille Frederica (Morfyyd Clark) au crochet des autres et ne se voit d'autre choix que de multiplier les intrigues pour parvenir à ses fins. Elle a dû quitter en catastrophe la résidence des Manwaring où sa relation avec Monsieur (Lochlan O Mearain) commençait à être un peu trop évidente à Madame (Sophie Radermacher), et trouve refuge chez le frère (Justin Edwards) de son défunt époux. Mais sa belle-sœur Catherine DeCourcy Vernon (Emma Greenwell) ne voit pas sa venue d'un très bon œil car elle comprend vite que Lady Susan a jeté son dévolu sur son jeune frère, Reginald DeCourcy (Xavier Samuel). Et la manière dont Lady Susan traite Frederica en essayant à tout prix de la caser avec un riche idiot, Sur James Martin (Tom Bennet, hilarant), ne la porte pas à l'accueillir à bras ouvert. Heureusement, Lady Susan peut compter sur l'amitié presque indéfectible d'une charmante américaine (Chloé Sevigny) qui a épousé un vieux grincheux (Stephen Fry).

Vraiment, j'ai été complètement séduite par Love and friendship que j'ai trouvé absolument délectable. Enfin, je retrouvais la Jane Austen que j'aimais. Enfin je retrouvais sa malice, ses clins d'œil, sa férocité charmante. Enfin je voyais transposée sur l'écran toute la dimension humoristique de l'auteur, et je me suis régalée. Ce film est un petit bijou de drôlerie. Notez bien qu'il n'est pas rigolo et qu'on ne se fend pas la poire comme des fous, mais on sourit. En tous cas moi, j'ai souri beaucoup. Et cet humour n'a d'égal que son intelligence. On prend un plaisir incroyable à voir cette sacrée Susan Vernon se démener dans de complexes intrigues pour tirer sa part du gâteau. Les autres femmes ne sont pas en reste, elles redoublent toutes de ruse pour obtenir satisfaction de ces messieurs. Et n'allez pas me dire que toute cette fourberie donne une mauvaise image de la femme. Whitman, comme Austen, sait tout à fait nous montrer combien ces machinations, ces manigances, ne sont rien moins que la seule manière de survivre des femmes dans une société qui occultent totalement leurs besoins personnels et financiers, qui sont perçues comme mineures et qui n'ont pas plus leur mot à dire sur leur situation maritale que la manière dont elle peuvent se comporter dans le monde. En cela, et malgré sa vacherie, on ne peut s'empêcher d'éprouver une véritable sympathie pour le personnage de Lady Susan, la même qu'on éprouve pour Maître Goupil lorsqu'il se joue de balourd de loup. Malgré sa duplicité, on a envie de la voir s'en sortir.



Mais là où Stillman s'en sort incroyablement bien, c'est qu'on éprouve une véritable sympathie pour pratiquement tous les personnages. Et il y a à cela deux raisons. D'abord, une galerie d'acteurs plus épatants les uns que les autres. En tête, Kate Beckinsale comme je ne l'avais jamais vue. Elle parvient à donner un corps tout à fait réaliste au personnage en prenant un plaisir évident à ce rôle fantasque, qu'elle traite cependant avec beaucoup de sérieux. Je n'ai jamais eu l'impression de la voir se regarder jouer. Elle est totalement sincère et je crois que cela joue beaucoup dans la richesse de son personnage. Elle n'est absolument jamais dans la caricature. A ses côtés, tous les autres acteurs s'en donnent à cœur joie, et travaillent de la même façon, sachant faire ressortir les dehors comiques de leurs personnages, en n'essayant pas de forcer le trait et en toute sincérité. Stephen Frears me semblait une véritable évidence, car qui mieux que lui incarne actuellement l'humour anglais dont Jane Austen était tellement pourvue. Mais j'ai adoré en particulier 3 prestations: celle d'Emma Greenwell dans le rôle de la nemesis de Lady Susan, qui va finir par utiliser les mêmes armes que sa rivale pour protéger les siens, celle de Chloé Sévigny, la confidente perfide mais brimée, et Tom Benett, le bêta terriblement attachant.



L'autre raison, c'est l'écriture subtile et délicieuse de Stillman et, bien évidemment, Austen. Une écriture ambitieuse aussi. Parce qu'elle demande une certaine exigence du spectateur, une attention vivace, très proche de celle d'un lecteur. Beaucoup d'informations sont données dans des dialogues superbement ciselés, il faut donc s'y attacher pour bien suivre l'intrigue. On peut ajouter à cela une mise en scène rigoureuse, une très belle image à laquelle la lumière extérieure irlandaise et les intérieurs à la bougie donnent une ambiance très intimiste, et une composition superbe de Benjamin Esdraffo à la bande son.  Mais surtout, Stillman, peut-être plus encore qu'Austen aime ses personnages. Bien évidemment, leurs actions sont loin d'être recommandables, ils ne sont pas tous bons ni agréables, mais ils sont magnifiquement humains. Parce que oui, comme chez Austen, l'Angleterre aristocrate de la fin du XVII est bien plus impitoyable que Dallas dans les années 80 ou On n'est pas couché dans notre ère. C'est vil, c'est moche, c'est faux, c'est jaloux et borné. Mais comme désigne le titre, il y a deux choses qui peuvent être sincères et qui sauvent de tout cela, que ressentent chacun des personnages malgré leurs défauts: l'amour et l'amitié. Et c'est ce qui rend ce film féroce si attachant.

Le dvd est édité par Blackout (qui a aussi une page Facebook) et est sorti le 2 novembre 2016.
Pour d'autres envies DVD, vous trouverez chez Cinetrafic
- le classement de leurs meilleurs films 2016
- et parce que y'a pas que la gaudrioles et la fantaisie d'Austen dans la vie, une liste de films d'amour tristes






vendredi 13 janvier 2017

Bilan 2016: mon top 10

Voilà, 2016 est passé, et une nouvelle année ciné commence. En 2016, j'ai vu assez peu de films, je dois dire, mais dans l'ensemble, je suis très heureuse de cette année. Je n'ai pas l'habitude de voir des films qui ne font pas envie, mais il m'arrivait régulièrement d'être déçue. Cela m'est arrivé un peu cette année (avec Captain Fantastic, notamment), mais rien qui ne m'ait rendu très très vénère comme j'ai pu l'être dans les années précédentes. 3 hypothèses: 1. Je suis sereine et apaisée, je ne me laisse plus atteindre par les scénaris paresseux et les mises en scène au marteau piqueurs 2. Je choisis mieux mes séances ciné 3. 2016 était une très bonne année cinématographique. Perso, je penche plutôt pour une des deux dernières. Bref, voici mes 10 films préférés de l'année:

10. Deadpool, Tim Miller
On commence avec la grosse rigolade de l'année, le comic comique qui donnerait la banane Bruce Wayne lui-même. C'est con, mais c'est drôle, c'est débile mais c'est quand même émouvant, c'est gavé de références et irrévérentieux. Dans une année aussi morose, on demandait pas plus.



9. Green Room, Jérémy Saulnier
Le film keupon de l'année, vibrant comme la gratte d'Yvy des Cramps, sec comme un coup de docs coquées et bondissant comme Iggy Pop. Un jeune groupe de punks se retrouve enfermé dans les loges d'une salle de concert tenu par un gang de skinheads pas franchement fun après avoir été témoins d'un meurtre. Ce film est comme la musique dont il s'inspire (très bien, d'ailleurs, la BO est formidable): c'est simple, mais bordel ça envoie de la buchette! A voir aussi pour un des meilleurs rôles du regretté Anton Yelchin.



8. Les 8 salopards, Quentin Tarantino
Parce que pour la première fois, je vois un film de Tarantino où je n'ai pas l'impression qu'il joue du second degré. Contrairement à d'autres qui l'ont trouvé très rigolo ou abject parce que prenant plaisir à une violence malsaine, j'ai moi trouvé qu'il n'avait jamais été aussi sérieux que dans ce film, et que loin d'être une gaudriole grand-guignolesque, les 8 salopards était une belle réflexion sur l'Amérique, la justice et la violence de celle-ci. Et ça m'a bien réconcilié avec le réalisateur.



7. D'une pierre, deux coups, Fejria Deliba
Choix on ne peut plus subjectif que ce joli film, d'une simplicité modeste, qui m'a émue aux larmes. Une famille franco-algérienne dont la matriarche (magnifique Milouda Chaqiq) va faire une fugue, pour des retrouvailles avec son passé. L'occasion pour ses enfants de se réunir autour de son absence.



6. Men and Chicken, Anders Thomas Jensen
Une comédie complètement tarée et bizarrement émouvante. Surprenant et revigorant comme un coup de poutre. Et vous n'avez jamais vu Mads Mikkelsen comme ça!



5. The Strangers, Na-Hong Jin
Il m'arrive de repenser à ce film, parfois, la nuit et je ne parviens plus à dormir. Une expérience réellement terrifiante, une mise en scène formidable. Des questions restent en suspens, mais ça ne rend le film que plus envoûtant.



4. Divines, Houda Benyamina
Vu à la bourre, mais grosse claque malgré le petit écran. Un film français ambitieux et à la hauteur de ces ambitions, la découverte d'une réalisatrice que j'ai vraiment envie de suivre. Une tragédie sèche et émouvante, teintées du fulgurance d'humour, et une très belle histoire d'amitié



3. Dernier train pour Busan, Yeon Sang-Ho
L'autre film coréen de mon palmarès et encore un film de genre qui va bien au-delà de son genre. Un film de zombie haletant, mais aussi un mélo déchirant et un charge politique bien sentie. A nous de vous faire préférer le train!



2. Carol, Todd Haynes
Un gros coup de cœur pour ce sublime mélo, somptueusement filmé et magnifiquement joué. Une très belle histoire d'amour qui m'a renversée et à laquelle je dois quelques moments d'émotion en public un peu gênant (comprenez continuer à pleurer à chaudes larmes APRES la séance...)



1. The Assassin, Hou Hsia Hsien
La merveille de l'année. Depuis que je l'ai vu, la silhouette sombre de Shu Qi avançant lentement avec détermination me hante. J'ai toujours pas entièrement saisi le film, mais je reste scotchée et je n'ai qu'une envie, le revoir.




vendredi 6 janvier 2017

Divines: Female troubles

Source: site internet Diaphana

Grâce au site Cinétrafic, j'ai découvert en DVD le film Divines de la réalisatrice Houda Benyamina qui avait reçu la caméra d'Or à la quinzaine des réalisateurs cette année à Cannes.

J'avais très envie de voir ce film, que j'avais raté lors de sa sortie en salles. La bande annonce était très alléchante, et la réaction vive et éclatante de Houda Benyamina lors de la réception de son prix à Cannes m'avait personnellement vraiment émue. J'avais donc grande hâte de mettre ce DVD dans mon lecteur et de voir enfin ce long-métrage que je regrettais d'avoir manqué.



Et je dois le dire, j'ai été comblée et ce, bien au-delà de mes attentes. Divines est un film formidable, ambitieux et à la hauteur de ses ambitions, comme on aimerait en voir plus souvent dans le paysage audiovisuel français, parce qu'il rend hommage à la tradition du film français en lui prenant ce qu'il a de mieux (le discours social fort, le travail poussé sur le jeu d'acteur, le réalisme), tout en osant faire du vrai cinéma, avec un scénario béton qui raconte une histoire avec des scènes fortes, et surtout, surtout, un parti pris esthétique qui fait pas sa timide ou sa modeste, une mise en scène qui va bien au-delà de l'effet docu-caméra à l'épaule qu'on a l'habitude de nous faire bouffer dans les films sur la banlieue, un vrai travail de réalisation qui m'a foutu la mâchoire au sol et m'a complètement enthousiasmée. Des surprises comme celles-là, j'en veux tous les jours.

Donc voilà, Divines, c'est l'histoire de 2 gamines de la cité, Dounia et Maimouna. Leur horizon est salement bouché, surtout celui de Dounia, qui vit dans un camp et a la rage au ventre. La porte de sortie, la seule visible, c'est la thune, la maille, la moneeyyy. Et il semble que le seul moyen d'en obtenir soit de s'inspirer de Rebecca, la dealeuse du quartier dont les vacances à Phuket et les amants à abdos apparents font rêver. Mais il est difficile de devenir une caïd quand on a des points d'attaches: une meilleure amie, une famille, un beau danseur...

Je ne sais même pas par où commencer tant j'ai l'impression d'avoir des choses à vous dire sur ce film, sur l'effet qu'il m'a fait, sur ce qu'il en ressort, j'ai du mal à mettre de l'ordre dans tous ça, alors il faudra m'excuser si je pars un peu dans tous les sens.

Alors d'abord, il y a le scénario, béton (amer), coécrit avec Romain Copingt et Malik Rumeau. Alors déjà, c'est pas pour revenir sur une de mes marottes, (si vous me lisez souvent, vous devez commencer à en avoir un peu ras-le-bol), mais putain que ça fait du bien de voir une réalisatrice qui ne s'entête pas à tout faire toute seule et qui choisit de se faire aider par des pros quand elle constate ses limites d'écriture (c'est pas moi qui le dis, mais Houda Benyamina elle-même dans les bonus du DVD dont on va parler plus tard). J'aime cette intelligence, à la fois modeste et diablement efficace qui consiste à dire: voilà ce que je veux raconter, ce que je veux dire, aide-moi à en faire une belle histoire. Pour moi, juste là-dessus, je me dis qu'elle a tout compris à ce qu'était le cinéma, Houda Benyamina, pas une œuvre solitaire d'artiste torturé et ermite, mais bien un art pluriel, un travail d'équipe, de partage où chacun apporte sa pierre à l'édifice et où chacune des pierres posées consolide celles qui l'entoure (il suffit d'ailleurs de voir comment elle parle de sa scripte - c'est tellement rare qu'on donne la paroles aux scriptes-, Julie Darfeuil, dans les bonus, expliquant combien son rôle est important avant, pendant et après le tournage, pour comprendre que la vision du cinéma de la réalisatrice est bien de cet acabit).

Source: site internet Diaphana


Bref, j'en reviens au scénario, béton, donc. Houda Benyamina décrit son film comme une tragédie. C'est tout à fait ce que j'ai ressenti en voyant Divines, une vraie tragédie dans le sens aristotélicien (comment j'me la pète!) du terme. Et c'est à la fois la force du film, et le petit bémol que j'y attacherai. Je sais que ce film est souvent comparé à Bandes de filles, de Céline Sciamma, que j'avais aussi véritablement adoré. Alors oui, on retrouve des thèmes communs: la place des jeunes filles en banlieue, la volonté de sortir de ce carcan, quitte à en passer par des méthodes violentes, l'attrait pour le blé, parce que le blé, c'est la liberté. Mais là où Céline Sciamma décide de faire un film initiatique, où le parcours de l'héroïne va l'emmener à faire des choix parfois salutaires en apprenant de ces erreurs, Houda Benyamina choisit le côté pile, la tragédie. Et sa protagoniste, Dounia, est une parfaite héroïne de tragédie, parce qu'on l'aime tout de suite: elle est pleine de fougue et d'énergie, elle n'a pas la vie facile, elle a la rage au ventre et une grande histoire d'amitié avec Maimouna. Dès le départ, on s'identifie à elle (moi en tous cas), et on crève d'envie qu'elle s'en sorte enfin. Mais Dounia a des défauts fatals: un manque de patience et de tempérance, et un certain orgueil, qui la poussent souvent à faire de mauvais choix. Mais les mauvais choix, même s'ils semblent être sans grande gravité de prime abord, peuvent être lourds de conséquences. Et comme Dounia, on l'aime, on souffre avec elle. Donc là, pas d'erreur, la tragédie, on est en plein dedans. Le seul souci, si on revient à Aristote, c'est que lui-même définit la tragédie comme un instrument pédagogique, qui par la souffrance que vit le spectateur à travers le personnage, lui enseigne à ne pas reproduire les mêmes erreurs. Le film, étant une tragédie a donc bien une valeur morale, ce qui, dans mon cas, est le seul défaut que je trouve au film.

Mais s'il est moral, Houda Benyamina n'est pas non plus dans la condamnation de son personnage. Ce qui l'intéresse, c'est surtout d'expliquer les raisons de ce parcours, l'audace qu'on peut avoir quand on ne pense plus avoir rien à perdre, l'horizon bouché, l'envie de s'enfuir. Et ici, contrairement à Bande de filles, si le propos est plus moraliste, il y a clairement un discours social fort. Le discours sur l'argent, par exemple, je l'aime bien. Ici, parler d'argent, c'est pas sale, c'est pas minable, c'est pas caca: quand t'en as pas, que tu vis dans des conditions affreuses, et que tu passes le plus clair de ton temps à essayer de trouver les moyens t'en procurer assez pour t'en tirer sans crever de faim, l'argent, ça fait le bonheur. Il y a un discours sur les inégalités sociales et sexuelles tranchant, qui fait d'autant plus mal qu'il est tout fait réaliste, même dans les répliques les plus drôles (parce que, bien que ce soit une tragédie, le film n'est pas complètement dénué d'humour): "Si les pauvres le restent, c'est parce qu'ils n'osent pas." dit Rebecca, la dealeuse en chef. Sur certains points, on pourrait croire qu'elle a tout compris. Combien l'apparence compte, comment tu peux dealer plus facilement et vendre plus cher si t'es une jolie fille en talons hauts, que l'audace, celle de se confronter à un monde dominé par l'argent, par les hommes, est peut-être la seule façon de s'en sortir (elle a juste oublié que l'argent liquide avait ses limites et que si on voulait vraiment s'élever, il fallait aller un peu plus loin dans l'analyse, mais n'est pas Stringer Bell qui veut). Et Dounia, cette audace elle l'a. Son seul problème, c'est qu'elle la dirige au mauvais endroit. A plusieurs reprises, elle a devant elle d'autres voies d'élévation, aussi bien sociales, que sentimentales et spirituelles qu'elle finit par lâcher pour l'attrait du gain immédiat. Le film nous présente d'ailleurs une belle scène, très forte, en montage alternée, nous montrant ces deux chemins: celui qu'elle a choisi et celui auquel elle aurait pu accéder.

Source: site internet Diaphana

L'élévation, c'est d'ailleurs une obsession chez Houda Benyamina, qu'elle soit sociale ou spirituelle. Et c'est terriblement visible dans sa mise en scène, truffée de plongées et contre plongées qui se répondent les unes aux autres. C'est notamment frappant pour le début et la fin du film, où de 2 manières bien différentes, Dounia observe son amie Maimouna depuis un soupirail qui mène à une cave et tente de l'entraîner à l'extérieur (Quand je vous disais que le scénar était bien écrit). Ce sont aussi les scènes de pleine lune qui se répondent de manière tragique. C'est aussi le poste d'observation en hauteur d'où Mounia reluque le beau Djigui, ou la pluie de billets qui tombe du plafond. Souvent, Dounia est à une extrémité, et son objectif, à l'autre. Mais rien n'est immédiatement atteignable et surtout pas la dimension amoureuse et spirituelle. Ainsi, au début du film, la grille du soupirail s'interpose entre elle et Maimouna, qui participe à une prière commune. De même, un ensemble d'équipements techniques fait barrage entre Dounia et Djigui qui danse. Ainsi, on sent chez elle un attrait vers la spiritualité, la beauté, l'amour, mais quelque chose semble toujours faire obstacle. Bref, la mise en scène a beaucoup de choses à nous dire, peut-être encore plus que les personnages lorsqu'ils s'expriment. Et ça, moi ça me fait rudement plaisir, surtout lorsqu'on nous donne une scène centrale éblouissante dont je ne veux même pas parler pour vous laisser la découvrir (en revanche, l'éditeur du DVD a eu la très mauvaise idée de la divulgacher en la mettant derrière les menus, alors si vous vous procurez le DVD, ayez la main agile sur la télécommande....). Pour moi, si tout n'est pas parfait (et en même temps, c'est pas obligé), il y a là une vraie volonté de raconter une histoire par le cinéma, avec des images, et pas qu'avec du dialogue (ce que j'ai souvent tendance à reprocher au cinéma français) et ça me fait toujours bondir d'enthousiasme!

Source: site internet Diaphana


D'autant plus que les dialogues fonctionnent vraiment bien, ils sont crédibles, même lorsqu'ils sont clairement écrits, parce qu'ils tiennent une certaine justesse vis-à-vis des personnages et que les acteurs (en particulier le trio d'actrices principales) sont absolument époustouflants (peut-être à l'exception de Kevin Mischel dont la prestation corporelle compense heureusement le jeu d'acteur parfois hésitant). Oulayah Amamra apporte toute son énergie à Dounia et m'a complètement embarquée. Mais j'ai été surtout bouleversée par Deborah Lukumuena, qui est véritablement solaire et la relation entre Dounia et Maimouna est sans nul doute la plus belle partie du film (c'est d'ailleurs là-dessus que commence le pré-générique).

Sinon, j'ai entendu pas mal de critiques négatives sur Houda Benyamina, notamment après Cannes, toutes basées sur une prétendue "hystérie" (bizarre, quand c'est Begnini qui se met à genoux, on ne parle pas d'hystérie, comme quoi), de "vulgarité" du film et de ses personnages féminins qui, tout de même, manquent de "féminité". A ces critiques, je trouve que la meilleure réponse est celle d'une autre Divine:



Le DVD
Sorti le 3 janvier 2017 et distribué par Diaphana, le DVD de Divines présente une belle qualité d'image et surtout de son ( et quand la BO fait aussi bien péter du Haendel que du Azealia Banks, ça vaut le coup).
Les bonus sont vraiment bons. Il y a des scènes coupées, un making-off et surtout des interviews très intéressantes d'Houda Benyamina et de ses collaborateurs qui m'ont confortée dans l'idée qu'elle était véritablement une réalisatrice que j'avais envie de suivre de très près, avec une vision du cinéma en tant qu'œuvre commune, esthétique et politique, qui m'a donné envie de la prendre dans mes bras, sans déconner.









lundi 2 janvier 2017

Le ciné club de Potzina janvier 2017: appel à participation Potzina



On commence bien l'année avec un nouveau ciné-club que j'héberge ce mois-ci.

Si vous ne connaissez pas le ciné-club de Potzina, je vous rappelle un peu le principe: à la base créée par la blogueuse Potzina, il a pour but de partager des chroniques ciné sur un thème donné chaque mois, et de découvrir ainsi un max de bons films. Tous les mois, un blogueur ciné participant propose un thème et répertorie tous les articles des bloggueurs participants. Pas de pression, aucune obligation de participer tous les mois, juste une envie de se stimuler les uns les autres. Si vous avez envie de participer, n'hésitez pas à nous retrouver sur notre page facebook, ou à m'envoyer votre article en commentaire de cet article.

Parce qu'en ces lendemains de fêtes, il faut toujours penser à s'hydrater, le thème que je vous propose pour vous inspirer ce mois-ci est le suivant: "Histoire d'eau". Que vous ayez envie de nous entrainer sur les mers ou nous faire découvrir une piscine municipale, que vous vouliez nous parler de celle qui tombe du ciel ou de celle qui vient à manquer, que vous soyez marin d'eau douce ou que vous viviez la vie aquatique, venez nous parler de vos films préférés composés au H2O.

Vous avez jusqu'au 30 janvier pour nous submerger de films! A la bonne vôtre!