pelloche

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mardi 15 novembre 2016

Mel et Jenny: Mi-Mel, Mi-guel

Source: site Outplay


Les Editions Outplay, spécialisés dans le cinéma LGBT mais pas que m'ont fait la surprise (et l'honneur) de me faire parvenir 2 DVDs récemment sortis. Je vous avais déjà parlé du torride Vies brulées, je vous parle aujourd'hui de Mel et Jenny, un joli film allemand de Nana Neul.

Alors voilà, Mel est une jeune femme androgyne dont la vie n'est pas des plus trépidantes. Elle vit avec son père et son frère dans la ferme familiale et bosse dans une usine agro-alimentaire qui produit des plateaux-repas pour des avions dans lesquels elle rêve de monter. Puis elle va faire 2 rencontres: celle de Nuno, un jeune Portugais au charme irrésistible et Jenny, une toute jeune fille pour laquelle elle succombe au coup de foudre. Elle va se servir du premier pour créer un personnage qu'elle endossera pour séduire la seconde: Miguel. Mais il n'est pas plus facile d'être Mel que de devenir Miguel...
Source: site Outplay


Ce film de 2008 est le premier film de Nana Neul, qui en a réalisé depuis un second. Elle est également scénariste de Mel et Jenny. Et je dois dire que pour un galop d'essai, cela n'a rien de honteux, loin de là. Nana Neul (j'adore son nom, par ailleurs, c'est un vrai bonheur à dire à haute voix, essayez, vous verrez) a la bonne idée de choisir une histoire à sa mesure, de l'exploiter correctement, de construire de jolis personnages et surtout de créer de beaux moments d'émotion et de cinéma. Ca a l'air de rien comme ça, mais c'est déjà pas si mal.

Alors oui, y'a des petits défauts dans ce film mais franchement rien de bien méchant: un petit creux par ci, une petite longueur par là, une ellipse de trop de ce côté, un mélange des genres pas toujours totalement maîtrisé de l'autre... Mais rien qui n'empêche la compréhension du récit ou l'attachement aux personnages.

Source: site Outplay

En revanche, plein de qualités. La première, c'est que Nana Neul vise juste: pas trop haut, pas trop bas, à la hauteur des ses moyens financiers et de son récit. Elle n'essaie pas d'en faire trop et parvient à maintenir un bel équilibre. Le récit est concentré sur quelques personnages, une petite ville où l'on se connait vite, une période de récit assez courte (quelques semaines, au plus) et une durée assez courte pour un long métrage (1h30). Tout tient la route et est cohérent: le réalisme des personnages, les situations, l'ambiance chromatique douce et légèrement froide, le côté comédie romantique, le drame. Personnellement, j'ai cru à cette histoire et je me suis véritablement laissée émouvoir.

Et si j'y ai autant cru, c'est surtout grâce aux interprètes, et particulièrement à la très impressionnante Anjorka Strechel qui joue Mel. Elle apporte une très belle grâce à son personnage ambigu et surtout beaucoup d'émotions. On sent chez elle l'excitation liée au premier amour, l'horizon qui s'ouvre soudain loin de l'étriquée ferme familiale, son mélange de naïveté et de persévérance dans la petite moue de sa mâchoire inférieure et la manière d'arrondir ses robustes épaules. On pense un peu, bien évidemment au personnage que jouait Hilary Swank dans Boys Don't Cry, mais il a quelque chose de beaucoup plus lumineux, de plus doux, moins tragique et désespéré. C'est effectivement une jeune femme en recherche d'elle-même, qui souffre de ces questionnements, mais est assez audacieuse pour les dépasser, elle a quelque chose de plus pétillant et espiègle.

Source: site Outplay


Face à elle, la jeune Lucie Hollman fait preuve d'une belle vivacité. Ensemble, elles forment un très joli couple. On aime leur relation tendre et complice, leurs rires et on en oublie presque leur écart d'âge. Et il y a aussi Manuel Cortez, Nuno, avec qui Mel lie une très belle amitié. Les rapports entre ces deux personnages est peut-être la dimension qui m'a le plus touchée dans le film. On sens chez Nuno des secrets, une fêlure, qui fait qu'il finit par s'attacher à cette gamine qui n'en fait qu'à sa tête, prête à se perdre dans la fiction. J'aime beaucoup comment cette complicité se construit peu à peu, dans des regards, dans des non-dits, dans des rivalités.

Source: site Outplay


Nana Neul réussit donc, avec peu de moyen mais beaucoup d'investissement (là est tout la différence) un film très doux, dont on sort un peu triste, très nostalgique, mais avec une belle lueur d'espoir pour l'avenir.







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