pelloche

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mercredi 24 février 2016

Deadpool: Comic con



En ces temps de grisaille météorologique, sociale et morale, il ne faut jamais sous-estimer le pouvoir salvateur de la grosse déconne cinématographique. Ouais, y'a des moments comme ça, où on a envie d'envoyer bouler le cinéma réaliste, parce que la réalité on peut plus la voir en peinture, et je parle même pas de la pellicule. On a juste envie d'évasion, de fuite de cerveau, de rires gras, d'action badass et d'une tonne de whatthefuck. On a envie d'arrêter d'être intelligent, juste pour quelques heures, de dire des gros mots, de rigoler comme une débile, de chanter du Wham, d'admirer la plastique parfaite de beaux garçons en vêtements moulant. Et comme 2oolander ne sort que dans quelques semaines et que j'avais salement besoin de me prendre une bonne murge de ciné popcorn-pastiche-pouetpouet, on peut dire que Deadpool est arrivé au bon moment.

Deadpool, vous en avez au moins entendu parler pour ces entrées faramineuses (et, encore une fois, vue l'ambiance actuelle, tu m'étonnes!), c'est un super-anti-héros de Marvel irrévérencieux comme disent les gens polis, gouailleur, pervers, whatthefuckiste (une sorte de nihilisme, mais en très con), violent, et parfois un peu lent de la comprenette. Deadpool, c'est un peu The Mask en plus rouge, Son Goku en moins simiesque, HK forbidden super-hero en moins culotté (je soupçonne vivement les communicants pour Deadpool d'avoir vu ce film méga barré, parce que les affiches posées en mode sexy-craignos, c'est carrément ça).


Très rapidement, pour vous situer un peu la narration. Le film raconte la genèse de Deadpool: un ancien militaire reconverti mercenaire de bas-étage, qui tombe amoureux d'une ancienne prostituée, apprend une mauvaise nouvelle (on va quand même essayer de pas tout vous spoiler) et aura pour seule issue d'accepter d'être transformé en machine de guerre par un supervilain dépourvu de toute compassion pour son prochain: Ajax, aka Francis si on veut se foutre de sa tronche en lui rappelant son vrai prénom qui sent la guitare sèche, la moustache et la sarbacane. Ainsi va naître un héros un peu cheap (n'est pas Bruce Wayne qui veut), pas toujours ni très fin, ni très malin, mais au panache et à la hargne indiscutables: un héros qui veut tout sauf en être un, qui fait des omelettes en cassant beaucoup d'œufs, et qui en a assez pris plein la tronche pour avoir des envies de vengeance irrépressibles.

Bon, on va pas se mentir, Deadpool n'est pas le film de l'année. La réalisation, par Tim Miller, ancien des FX, si elle est honorable dans l'ensemble, ne casse pas non plus 3 pattes à un canard, et c'est pas vraiment au niveau de l'image qu'on en prend plein la gueule. Rien de très moche cependant, si ce n'est le décor palette graphique de la dernière scène dont je suis pas une immense fan. Le scénario n'est pas non plus d'une originalité absolue, on reste dans la grande tradition de la genèse du héros de comics, même si ce héros-là est plus anti- que super-.



Mais il y a tout de même de très bonnes choses à mettre au crédit de ce film. J'ai d'abord plutôt apprécié la construction narrative du film, assez éclatée, permet d'obtenir un récit très dynamique, toujours assez trépidant. On ne s'ennuie pas une minute, et en terme d'Entertainment, on en a pour son argent.

C'est aussi plutôt bien joué, notamment par Ryan Reynolds qui fait, à mon avis, carrément bien le job. Et j'avoue que revoir Morena Baccarin (la jolie Inara de Firefly) fait tout de même plaisir. tous les deux, il forment un joli couple un peu déjanté et se payent même le luxe de quelques scènes véritablement émouvantes et bien écrites. Je citerai notamment une scène chez le médecin qui permet vraiment de s'attacher à ces personnages un peu perdus mais profondément humains.


Et puis surtout, il y a l'humour qui soutient tout le film, qui donne une véritable bouffée d'air délicieusement vicié. C'est cracra, c'est lourdingue, c'est violent, c'est bêta, mais qu'est-ce que ça peut faire du bien! Et heureusement que c'est là, parce qu'il y a quand même une partie du film qui est sacrément noire et désespérée, on pourrait presque parler de torture porn à certains moments (donc, on n'y va pas avec son neveu de 8 ans - et de toute manière c'est interdit au moins de 12 ans). Au niveau de la blague, y'en a pour tous les mauvais goûts: masturbation, drogues, quotidien lessivesque des superhéros sanglants, pipicacaprout... C'est la fête du slip sur les collants, et si c'est pas d'une finesse à toute épreuve, et que ça le fait pas forcément en soirée en ville de dire qu'on s'est bien poilé devant Deadpool, c'est définitivement libérateur. Et en ce qui me concerne, la monde merdique de ce crétin m'a fait oublié le nôtre pendant quelques heures et s'il n'a rien de chevaleresque, il m'aura tout de même vaillamment sauvé d'une grosse morosité bien plombante.


mardi 23 février 2016

Le cinéclub de Potzina: Le cheval venu de la mer



Ce mois-ci, le Cinéclub de Potzina a proposé un joli thème: celui de l'enfance. Il n'a pas été facile de choisir parmi tous les films qui pouvaient se prêter à l'exercice, mais j'ai finalement choisi de vous parler du Cheval venu de la mer, de Mike Newel. J'ai choisi ce film pour plusieurs raisons, d'abord parce que c'est un film que j'affectionne depuis longtemps, et que je revoie assez souvent. Et puis pour inciter notre chère Potzina, qui rêve d'Irlande, à réaliser son rêve: un beau voyage sur l'Ile verte.

Alors ce mois-ci, on part à "cheval vers le far-west" avec deux garçons adorables, Tito et Ossie. Ces deux enfants vivent en banlieue de Dublin avec leur père, John Riley (Gabriel Byrne). Cette famille de travellers (gens du voyage irlandais) s'est sédentarisée après la mort de la mère des garçons, Marie, qui a poussé John dans l'alcoolisme. La vie n'est pas très rose chez les Riley. Les gosses font sécher l'école pour faire la manche et gagner assez pour se nourrir, ne pouvant compter sur leur père, qui boit tout l'argent du ménage. Tout va changer le jour où leur grand-père, encore sur les routes, viendra les voir accompagné d'un superbe cheval blanc. Selon le conteur de grand-père, ce cheval vient de Tir-Na Nog, qui dans la mythologie celtique est la Terre de l'éternelle jeunesse, dont le héros Oisin est parti sur le dos d'un cheval magique dont il ne devait pas descendre sous peine de mourir de décrépitude. C'est pourquoi le beau cheval blanc dont les deux enfants vont s'amouracher porte le joli nom de Tir-Na Nog. Avec lui, ils vont s'enfuir vers l'Ouest, à la recherche de leurs racines et de mille aventures.



Dans les années 80-90, on a pu voir arriver sur les écrans un certain nombre de films irlandais, notamment grâce à deux noms qui ont permis une véritable nouvelle vague de ce cinéma, Neil Jordan ( réalisateur de The Crying Game, Mickael Collins, le magnifique Butcher boy, que j'ai bien failli choisir aussi) et Jim Sheridan (réalisateur de My left foot, The boxer ou du poignant Au nom du père), ce qui a permis au monde entier de découvrir enfin une cinématographie du pays même, loin de l'image idyllique du retour originel Hollywoodien (comme dans the Quiet Man de John Ford) ou de celle parfois biaisée du cinéma britannique. Le cheval venu de la mer peut être sur pas mal de points intégré à cette liste de films, puisqu'en effet, s'il a bien été réalisé par un britannique, Mike Newel, véritable touche-à-tout (Quatre mariages et un enterrement, Donnie Brasco, Harry Potter et la coupe de feu...), tout part bien d'un scénario de Jim Sheridan, que l'on sent porter le film du début à la fin.

Ce scénario est en effet un vrai petit bijou. Il est à la fois tendre et cruel, doux et amer, il mêle réalisme social et merveilleux légendaire, film européen et western hollywoodien, conte pour enfants et drame pour adultes. Et il est terriblement émouvant. J'ai bien dû le voir une bonne dizaine de fois, je n'ai toujours pas réussi à le faire sans pleurer..



Sur l'écran, tout fonctionne plutôt bien. On entre de plein pied dans le monde des travellers coincés entre tradition et modernité, puisque l'on suit le périple du grand-père et de sa roulotte, accompagné de Tir-Na Nog à l'entrée du film: on traverse des paysages à couper le souffle, d'une beauté intemporelle, sur la musique onirique de Patrick Doyle. D'un coup, la musique se tait et est remplacée par un terrible vrombrissement: celui d'un avion passant au-dessus du grand-père, nous signifiant son arrivée en ville, dans la triste banlieue dortoir de Dublin où survivent quelques familles, dont les Riley, dans des conditions pas très formidables. On nous sauve tout de même du misérabilisme grâce à l'humour, mettant en avant l'ingéniosité et l'espièglerie des gamins, que la situation extrêmement dure n'empêche pas de rester des gosses.

C'est définitivement par les thèmes qu'il aborde que le film touche juste. La dimension féérique fonctionne très bien, et garde en elle un mystère effrayant et dangereux. On entre dans les légendes gaéliques par le biais des personnages, qui sont de véritables passeurs et le passage du réalisme social le plus dur au conte fantastique se fait assez naturellement. Mais c'est surtout sur le thème de transmission (des traditions, des valeurs, de l'amour, des secrets) que le film touche juste, dans la relation des trois personnages principaux, John, Ossie et Tito Reilly.



Ossie et Tito sont interprétés par deux jeunes formidables acteurs: le tout jeune Ciàran Fitzgerald (qui a également joué dans The Boxer) et son adorable bouille apporte beaucoup de tendresse au film, quant à Rhuaidhri Conroi, il a un jeu d'une maturité assez exceptionnelle. Ils forment un duo très émouvant et parfaitement crédible. Quant à Gabriel Byrne, il est comme à son habitude impeccable. Et avec l'accent irlandais, son charme indéniable se décuple à merveille.

La réalisation, si elle n'est pas d'une originalité folle, reste cependant tout à fait honorable. La photographie est très belle, d'un grain magnifique qui met très bien en valeur la lumière nuageuse des ciels d'Irlande et les paysages qui défilent d'Est en Ouest. On reste au plus près des personnages et le récit fonctionne bien.



J'ai bizarrement assez de mal à parler de ce film, parce qu'il est foisonnant. C'est à la fois un drame familial, un western, un conte onirique, une fable sur la modernité, un récit initiatique, le portrait d'un pays... Et chacun de ces aspects mériterait à lui seul un post, parce que ce film est une vraie joie d'analyste. D'ailleurs je ne sais pas qui est responsable de la page Wikipédia du film, mais une fois n'est pas coutume, je la mets en lien: elle comporte une très chouette analyse qui mérite vraiment le détour et permet d'approcher toute la richesse de ce long-métrage.

Je conseille donc vivement de voir ce film, qui a eu son petit succès en 1993 mais qui mériterait bien d'être remis au goût du jour. Alors on rembourre ses culottes, et on grimpe sur Tir-na Nog pour un voyage inoubliable vers l'Ouest.














mardi 16 février 2016

Séance de rattrapage: The Grandmaster, Wong Kar Wai


Ce week-end, cela ne vous a pas échappé, c'était la St Valentin. Et moi, à la fin des années 90, je suis tombée folle amoureuse. Un vrai coup de foudre, une évidence, un truc qui m'a terrassée, m'a fait pleurer, m'a fait rire, m'a émerveillée, m'a fait voyager. Oui, à la fin des années 90, à l'approche de mes 20 ans, j'ai commencé une grande histoire d'amour, qui a connu quelques cahots, surtout ces dernières années, mais une belle histoire quand même. A la fin des années 90, alors que Hong Kong se voyait rétrocédée à la Chine, je découvrais le cinéma de Wong Kar Wai avec Fallen Angels et j'en tombais irrémédiablement raide dingue. Je crois que cette histoire a culminé un soir de St Valentin, justement, où je voyais pour la seconde fois le somptueux In the mood for love dans un cinéma londonien mythique, malheureusement menacé de fermeture, le Curzhon Soho (si vous le connaissez, foncez signer la pétition). Ce mélo d'un romantisme fou et d'une nostalgie absolue m'a définitivement bouleversée à la seconde vision, plus encore qu'à la première (peut-être pour des questions de maturité, de situation personnelle) et je garde de ce soir-là un de mes plus beaux souvenirs de cinéma.

Donc, même si mon histoire d'amour avec le cinéma de Wong Kar Wai a eu ses hauts et ses bas (surtout depuis 2046), j'ai toujours essayé de suivre de près ce qu'il faisait et quand la St Valentin arrive, je renoue souvent avec.



Cette année, le Wong Kar Wai de St Valentin était donc The Grandmaster, son dernier film, sorti en 2013 que je n'avais pas vu en salles à l'époque (peu de temps en salles et peu d'espace dans mon emploi du temps). Il fallait que je le découvre, et c'était pas trop tôt.

Même si mon Valentin était là pour m'accompagner, j'avoue que j'avais quelques appréhensions par rapport à ce film. On a toujours peur d'être déçu par un réalisateur qu'on apprécie beaucoup. Et là, je sentais que j'avais quelques chances de l'être. D'abord parce qu'il aborde un personnage vu et revu ces dernières années dans le cinéma chinois, le fameux Ip Man, maître du non moins fameux Bruce Lee. Je me disais donc que le sujet était bien éprouvé, puisque le héros avait déjà pas mal été traité dans d'autres films éponymes. De plus, depuis quelques années, je trouve que son cinéma n'a plus ni la puissance d'un In the mood for love, ni la fougue d'un Cheungking Express.

Et bien, le résultat est en demi-teinte, puisque j'ai été un peu déçue, oui, mais pas forcément sur ce que je pensais, et que bon, au final, WKW a tout de même réussi à remporter la mise.

En gros, (parce que l'histoire est assez longue), le film raconte les destins croisés d'Ip Man et de Gong-Er. D'abord, l'ascension de Ip Man (interprété par Tony Leung), qui doit représenter le Kung fu du sud de la Chine face à un grand Maître reconnu du Nord, Gong Yutian, son affrontement avec la fille de ce dernier, Gong Er (Zhang Ziyi), un affrontement aux allures de coup de foudre. Puis les affres de la guerre: pour Ip Man, la pauvreté, la mort de ses enfants, l'éloignement de sa femme et pour Gong-Er, l'héritage du Kung-fu de son père, tué par le vil Ma San. Puis leurs retrouvailles, bien longtemps après, dans les années 50.



D'abord en ce qui concerne la reprise sur le fameux Ip Man et la direction prise vers le film de Kung-fu, et bien en fait, ce n'est pas dérangeant du tout. Parce que quand Wong Kar Wai fait un film de genre (on l'avait déjà vu avec le film de sabre Les cendres du temps), il fait un film de genre oui, mais de Wong Kar Wai.

Je m'explique. Tous les ingrédients du film de Kung-fu sont bien là, et dans les meilleurs conditions: on y trouve des scènes de combat superbes (bien que peu nombreuses) chorégraphiées par le plus grand en la matière, Yuen Woo-Ping (vous savez, le réalisateur de Drunken Master et d'Iron Monkey, chorégraphe pour Matrix ou Kill Bill qui joue d'ailleurs le Maître de Ip Man dans The Grandmaster). Tout est léger, aérien, parfaitement exécuté, avec les ralentis qui vont bien, tout ce qu'un amateur de film de Kung-fu peut demander. Sans compter que WKW y ajoute sa patte personnelle: une beauté plastique flamboyante, avec des plans sur des mouvements d'étoffes lors des combats absolument superbes (en parlant d'étoffes, ça reste un film à tomber pour tous les amateurs de tissus et broderie), et un sound design absolument formidable: pour chaque personnage, les coups sonnent différemment, ils sont adaptés à leur personnalité et à leur méthode de kung fu: pour le personnage d'Ip Man, un son mat et précis, pour celui de Gong Er, tout est en glissement d'étoffes et frous-frous, pour le dangereux Ma San, des sons très organiques (et à vrai dire assez dégueus) d'éclatements de pastèques.



Mais ça reste quand même un film de Wong Kar Wai. D'abord parce qu'on y retrouve tout ce qui a fait son style. Une photographie léchée aux saturations de couleur sublimes, signée ici par Philippe Le Sourd. Les ralentis sous la pluie emblématiques qui sont devenus sa signature. Et une beauté plastique de tout instant: les acteurs, avec en premier lieu le divin Tony Leung qui a dû signer un pacte avec le diable pour rester aussi beau (et classe) aussi longtemps et la parfaite Zhang Ziyi, les costumes, les décors, on aurait envie de mettre sous cadre pratiquement n'importe quel plan de ce film, tant la minutie et le perfectionnisme de Wong Kar Wai transpire à chacun d'eux. A une exception près, cependant: une incrustation sur le train le plus long de l'histoire du cinéma (encore plus que le Transperceneige) très mal foutue, qui pourrit un peu ce qui aurait pu être une scène d'action énorme.



Et surtout, quel que soit le genre avec Wong Kar Wai, on finit toujours par voir un beau mélo. Il est comme ça, les histoires d'amour impossibles, jamais synchronisées, et condamnées à la nostalgie la plus profonde, c'est dans son ADN. Il peut pas s'en empêcher, c'est son obsession. Et c'est tant mieux, parce que c'est sans doute ce que je préfère dans ses films, et en particulier dans celui-là. Là encore, sans jamais oser le dire, on s'aime. Mais ce sont des amours tues, des amours interdites, contrariées par l'honneur, la distance et la bienséance. Mais ce n'en est pas moins déchirant, surtout lorsque les douleurs se répètent, comme dans deux très belles scènes à l'opéra.

Alors oui, j'ai bien retrouvé les ingrédients qui font que j'aime et les films de Kung-fu, et Wong Kar Wai, mais j'avoue que quelques petites choses m'ont chiffonnée, même si elles n'ont pas totalement gâté mon plaisir, et je pense que ça a à voir avec le caractère chinois du film. Définitivement, ce film annonce la rétrocession de Wong Kar Wai à la Chine. En effet, ce réalisateur qui a longtemps été une figure emblématique de Hong Kong, après avoir fait une incartade aux Etats-Unis, filme la Chine dans son intégralité, et même l'union chinoise (ici par le Kung-fu), thème cher au cinéma chinois commercial de ces dernières années, de l'Empereur et l'assassin à Detective Dee, on rentre dans une catégorie de films qui commencent à lasser à force de se ranger de manière un peu trop évidente dans la ligne patriotique. Même si j'imagine qu'il est bien difficile de faire autrement de nos jours dans ce pays, c'est un peu dommage qu'un réalisateur comme Wong Kar Wai (ça marche aussi pour Tsui Hark ou Zhang Yimou) y perde sa spécificité. De plus, comme nombre de ces films qui sont avant tout fait pour un public chinois, il est parfois difficile de tout comprendre sans connaître tous les codes et les faits historiques. Mais là, j'avoue que c'est une remarque pas tout à fait pertinente: j'imagine un chinois qui verrait La reine Margot, ça doit pas être la fête pour lui non plus. Mais on doit bien dire qu'on est par moment un peu largué en tant que spectateur occidental, même rompu à pas mal de film du genre...

Mais malgré ces quelques déceptions, ben ça fait quand même du bien de retrouver Wong Kar Wai après tant d'années. C'est comme revoir son premier amoureux: on trouve qu'il s'est un peu empâté, qu'il a des cheveux blancs, qu'il n'est plus aussi fou et fringant que quand on avait 20 ans. Mais on retrouve derrière ça ce qui a fait qu'on en était tombée amoureuse, parce que son regard, lui n'a pas changé. Et on sait qu'on aura toujours une place pour lui dans notre cœur...